Les
chercheurs des laboratoires de linguistique et de neuro-cognition de Grenoble
montraient dans un article que le savoir lire ne suffisait pas dans
l’acquisition de l’orthographe. La simultanéité des traitements de la forme
orthographique et de la forme phonologique correspondante est importante pour
la mémorisation ainsi l’appropriation sémantique du mot. On s’aperçoit aussi
qu’une faible vitesse de lecture (faible empan visuo-attentionnel) est une
contrainte supplémentaire et que les mots connus « vraiment » aident
à mémoriser les mots inconnus. Il faut travailler la synchronie entre le
traitement visuel et le traitement phonologique des mots lus.
Sachant
aussi que grand nombre de nos élèves en difficulté ont une dominante
kinesthésique, écrire un mot en capitales et en écriture liée est essentiel
dans sa mémorisation pour peu que le mot soit identifié par son sens et sa
nature. Les chercheurs du Laboratoire CLLE de Toulouse ont démontré que
pour créer un lexique mental en mémoire à long terme et favoriser la démarche
d’assemblage, il faut préférer la copie à la dictée, car la copie propose
au scripteur une mémoire externe d’autant plus précieuse qu’elle est toujours
disponible, évitant ainsi une surcharge cognitive qui bloque le processus de
mémorisation. En ce sens la dictée constitue une tâche dont l’objectif est
davantage d’évaluer le produit d’un apprentissage que de laisser une trace dans
le système cognitif. La copie de mots permet d’encoder la mémoire à long terme
et la copie de mots irréguliers laisserait une trace mnésique motrice associée
à leur représentation lexicale, cette trace pourrait être ensuite
utilisée pour récupérer plus facilement la forme orthographique normée.
Apprendre
à copier est une véritable compétence qui, quand elle n’est pas maîtrisée,
impose une telle surcharge cognitive qu’elle rend impossible la compréhension
de ce qui est écrit. On parle de double tâche inhibitrice. Pour les dys. ou les
enfants qui souffrent de lenteur graphique ou d’erreurs de copie, le
collège doit faire l’acquisition de cahier carbone. Le copain bon scripteur
écrit sa leçon et donne le carbone au dys. Celui-ci utilisera des surligneurs
pour mettre en valeur la structure et les éléments importants, surtout qu’il
aura quand même écrit dans son cahier ces éléments importants… sans contrainte.
Ne pas oublier d’imposer les stylos ergonomiques avec effaceur.
On
peut aussi avec succès utiliser le traitement de texte : il est
surprenant de voir des élèves, tristes scripteurs, taper correctement à toute
vitesse après quelques heures d’entraînement sur un logiciel de dactylographie.
Seul importe le résultat. Il importe aussi, nous savons tous l’état des
agendas, que les collègues utilisent un cahier de texte numérique consultable
par internet. Rien n’interdit d’y placer le contenu de la leçon et d’y
adjoindre le fichier des photocopies utilisées en cours. Pour rester dans la
technique, l’utilisation des TBI sur tableau blanc –très peu chers- qui
permettent de jouer avec les couleurs, la tablette déportée qui permet à
l’élève handicapé moteur d’écrire au tableau depuis sa place, les visualiseurs
qui permettent un scan très rapide d’un document, les logiciels lecteurs ou à
reconnaissance vocale ou les prédicteurs de mots comme DICOM (voir clef USB
spéciale dys)… bien des outils concourent à aider l’élève à besoins
particuliers.
Tout
doit nous conduire à ce que l’acte de copie en 6e ne soit plus une
contrainte, une peur, un masque, un repoussoir. C’est par la copie dégradée que
s’installe le décrochage scolaire ! Comme le suggère Nadia Mekthtoub,
« apprendre à copier de manière lisible ou sans erreur peut constituer un
objectif prioritaire dans le cadre d’un PPRE » Il est facile ici de faire
apparaître et d’évaluer les évolutions.
Je
crois aussi que les enseignants devraient réfléchir sur leur production
écrite : utilisation d’une symbolique, de couleurs, faire reformuler par
un élève ce qui est écrit ou ce qui est à écrire. Eviter les écrits qui s’accumulent
et instaurer un rituel de relecture. Et, si on est un grand utilisateur de
polycopiés, travailler en Arial 12 avec un interligne de 1,5… et n’oublions pas
la mise en couleur des photocopies par les surligneurs.
Il
est capital aussi de travailler les organisateurs de texte (ponctuation,
alinéa, saut de ligne, titraille) en les faisant réfléchir tout en copiant sur
les différences d’identité entre un texte de théâtre, un article, un récit, un
poème….Toujours est-il qu’on ne se refusera pas de patienter avant que de
dicter des textes ou des leçons aux élèves.